Dans un monde en quête de sens et d’ouverture, les événements d’entreprise dans des lieux culturels et patrimoniaux représentent une occasion d’offrir à ses équipes une expérience humaine, artistique et intellectuelle marquante. A ce titre, l’édition 2023 de MUSEVA meetings consacre une masterclasse-débat dédiée à l’événement d’entreprise en tant que créateur de valeur pour les lieux, les participants et les organisateurs.
Chantal Colleu-Dumond, directrice du domaine de Chaumont-sur-Loire, Anne-Laure Béatrix, directrice de Beaux-Arts Institute, Marion Pujo-Valentin, Global VP Top Executive Development chez L’Oréal France et Jean-Michel Crovesi, directeur général du Hangar Y et secrétaire général d’ArtNova ont été invités à partager leurs expériences en prenant part à cette masterclasse-débat, modérée par Delphine Bouclon, Présidente de “La CLÉ” un mouvement associatif représentant des gestionnaires de lieux de séminaires et d’événements et directrice du développement et de la stratégie commerce groupe Châteauform’.
Chantal Calleu-Dumond, Jean-Michel Crovesi, vous êtes tous les deux directeurs de centres culturels, quelles croyances, quelles convictions vous ont-elles amenées à prendre vos fonctions ?
Chantal Calleu-Dumond : J’avais une profonde passion pour les jardins, pour le domaine de Chaumont-sur-Loire et sa sérénité. Quand j’ai appris qu’ils cherchaient une nouvelle personne à la direction afin de mener un travail ambitieux, à la fois administratif et de programmation, j’ai décidé de candidater. Il fallait rassembler un ancien monument d’Etat et un festival des jardins, mais surtout réussir à faire venir le public dans ce lieu éloigné des grandes villes.
Jean-Michel Crovesi : La culture a toujours fait partie de ma construction personnelle, sans pour autant que je mène des études dans le secteur. J’ai tout de même voulu finalement rejoindre ma passion avec mon parcours professionnel, et donc m’investir dans le secteur culturel. Il s’agit d’un secteur à la croisée de toutes les mutations de notre époque : révolution numérique, changement des usages, changement des publics… Je voulais participer à ces transformations. En travaillant avec Frédéric Jousset (Président du Groupe Beaux Arts & Cie dont MUSEVA est une filiale détenue à 100% N.D.L.R) à la fondation philanthropique ArtNova, celui-ci m’a confié la direction du Hangar Y à Meudon. Il a fallu inscrire le Hangar Y dans les lieux culturels majeurs du Grand Paris, créer une identité et une programmation propre à ce nouveau lieu.
Chantal Calleu-Dumond, pourriez-vous nous résumer en quelques mots ce qui constitue la singularité du domaine de Chaumont-sur-Loire ?
Chantal Calleu-Dumond : Ce serait vraiment l’émotion, dans ce grand domaine et dans le château. C’est également l’harmonie, entre les œuvres d’arts contemporaines et l’histoire du monument, pour que chaque œuvre soit à sa « juste place ». Enfin, la passion de la transmission de l’art et la culture à des publics diversifiés.
Et vous Jean-Michel Crovesi, qu’est ce qui fait la singularité du Hangar Y ?
Jean-Michel Crovesi : Ce lieu est un nouveau lieu, qui a fermé ses portes pendant quarante ans, mais qui avait déjà une longue histoire dont nous pouvons toujours percevoir les traces. C’est une histoire industrielle, qui fait de ce lieu un site militaire dans l’aviation et l’aéronautique et le premier hangar à ballon dirigeable. Nous souhaitons transmettre cette histoire, et la faire communiquer avec la création contemporaine pour que les deux types de publics qui viendraient au Hangar Y soient enrichis.
Ces lieux culturels sont également liés au monde de l’entreprise, Marion Pujo-Valentin et Anne-Laure Béatrix, pouvez-vous nous parler de votre rencontre qui a permis de faire revivre le séminaire historique de L’Oréal « les Capucins » ?
Marion Pujo-Valentin : Il y a une croyance chez L’Oréal, et ce depuis les années 1970-1980 que l’homme qui s’épanouit dans l’entreprise peut construire un futur meilleur. C’est dans cet esprit que le séminaire des Capucins est né : avec la volonté de transformer le rapport au monde et au travail des participants par l’émulation intellectuelle et artistique pendant une période donnée. Celle-ci était permise par l’intervention de philosophes et artistes, dans ce qui s’apparentait à une forme de « retraite culturelle », à destination de personnes curieuses de s’ouvrir au monde.
Dans la volonté de faire revivre cette expérience, nous avons rencontré Beaux-Arts Institute, qui pouvaient nous donner les clés pour construire un séminaire d’envergure, et Chaumont, ce lieu qui nous offrait une histoire par son patrimoine, une porte vers la création, et la présence de la nature. La rencontre avec Chantal Colleu-Dumont a elle-même été déterminante pour imaginer une programmation exigeante et formatrice. Les Capucins ont ainsi pu revivre, l’année dernière, avec vingt-cinq personnes curieuses et exigeantes. Nous avons recommencé l’expérience l’année d’après, en doublant les effectifs tout en veillant à ce que la rencontre demeure au centre de l’expérience, puis aux Etats-Unis. Ces éditions ont toutes été de grands succès, ce qui montre une universalité de l’intérêt des Hommes.
Anne-Laure Béatrix : Nous avons de notre côté pris ces attentes, et réfléchi ensemble. C’était un projet qui avait du sens, sur lequel nous étions ravis de travailler, notamment avec Solène Blanc. Nous avons rencontré le domaine de Chaumont-sur-Loire, ici, à MUSEVA meetings et cette rencontre a été réellement fondatrice. Il s’agit d’un très beau lieu avec de nombreuses œuvres, dont nous avons contacté les artistes pour qu’ils livrent au public leurs intentions artistiques. Au cœur de notre mission se trouvait la volonté de transmettre et d’offrir à cette nouvelle génération de cadres de L’Oréal une expérience unique. Celle-ci a également été permise par la présence de l’hôtel, puisqu’un événement réussi nécessite des endroits où dormir et se restaurer.
Pour conclure, chacun d’entre vous, quelles sont vos attentes pour demain ? Pour ces événements d’entreprise dans des lieux culturels ?
Marion Pujo-Valentin : Nous aimerions que plus de personnes, notamment plus jeunes, puissent profiter des séminaires des Capucins. Cela reste un projet puisqu’il faut réussir à ne pas compromettre leur qualité et à financer ces expériences.
Anne-Laure Béatrix : Nous espérons pouvoir travailler à nouveau avec des entreprises, qui, à l’image de L’Oréal, sont exigeantes, pédagogues et connaissent leur responsabilité culturelle en tant qu’entreprise. Les lieux ont aussi cette responsabilité, pour permettre la tenue de ce type d’événements.
Jean-Michel Crovesi : Le monde de l’entreprise connaît des mutations profondes, ces évènements sont l’occasion de créer des communautés de valeurs autour du patrimoine, et de la création. Nous devons permettre à nos collaborateurs d’avoir des expériences transformantes pour qu’ils s’approprient les lieux.